La pratique contemporaine a placé l’avis scientifique au cœur des processus de décision. L’expertise judiciaire, définie comme le « recours à un technicien consistant à demander à un spécialiste (…) d’éclairer le tribunal sur certains aspects du procès nécessitant l’avis d’un homme de l’art » (Termes juridiques, Dalloz, 1995, v° Expertise), occupe de nos jours une place centrale dans le domaine de la justice. Ce constat traverse plus généralement les disciplines et les époques : de l’authentification de documents à l’expertise psychiatrique, les conclusions apportées par les experts constituent un recours indispensable pour la justice. Le rôle de ceux, depuis le médecin jusqu’au cyber-analyste, à qui elle est confiée s’est cependant étendu depuis le XIXe siècle, précisément au moment où les portes des tribunaux leur ont été plus largement ouvertes. Depuis, il semble évident que si les conclusions d’une analyse ne lient pas le magistrat, elles sont toutefois de nature à peser sur la décision judiciaire.
Cela rend légitime l’intérêt porté, dans le cadre de cet appel à communication, à l’évolution des relations entre experts et magistrats, un thème qui constituera l’axe majeur du colloque organisé à l’automne 2024 à l’Université de Lille. Comment ces différents acteurs, s’ils restent tournés vers la manifestation de la vérité, se répartissent pouvoirs et responsabilités ? Cette manifestation scientifique offre l’opportunité de croiser les regards, de questionner l’équilibre entre les apports de l’expert et la décision rendue par le juge, et d’explorer toutes les dimensions de l’expertise, au passé comme au présent.